De son propre aveu, l’agriculture, plus encore que la viticulture, fut le moteur de son projet ; travailler au contact de la terre, pour vivre différemment. Le choix de la vigne est culturel : ses parents, amateurs, avaient une cave ; un univers dont Nicolas s’était imprégné et qui devait le guider naturellement pour donner corps à ses intentions. Comme quoi, issu ou non du sérail, le vin demeure bien souvent une affaire de transmission.
Sans expérience ni réseau, il se lance ainsi dans les années 2000 à l’appui de quelques conseils. Devant tout créer, des vignes jusqu’à la cave, Nicolas s’adosse à la coopérative pour un contrat de 10 ans. 2007 marque un tournant avec sa conversion à l’agriculture biologique et 2010 sera son premier millésime en son nom. « Badel : vignerons de père en fils depuis 2010 » comme il se plaît à dire avec autodérision.
A la dégustation, nous avions été frappés par l’harmonie et la justesse des vins produits par le vigneron. La visite au domaine devait nous confirmer nos premières impressions : Nicolas est homme de précision ! De la vigne à la cave, l’ingénieur a tout orchestré avec une incroyable minutie de façon à produire les jus les plus purs possibles. Privilégiant des départs rapides en fermentation pour éviter les montées en volatile, les raisins sont réceptionnés et rapidement encuvés dans une cave millimétrée où la propreté règne, seul gage de vinifications sans soufre réussies. Les rouges font l’objet de macérations relativement courtes, parfois de remontages, sans recherche de concentration artificielle cependant.
Issus de deux secteurs différents, dont l’un attenant au bien nommé domaine « Les grandes vignes », les vins sont produits sur des terroirs de « gore » ardéchois (granits décomposés à tendance sablonneuse) dans la grande tradition des crus rhodaniens. Conduites de différentes façons, en cordon comme en baguette, les vignes brillent par leur vitalité. Curieux et ouvert, Nicolas s’interroge sur les meilleures tailles à privilégier pour l’avenir, songeant sérieusement à expérimenter le Guyot Poussard dans une approche plus respectueuse des flux de sève.